Lavis des castors

Après le petit déjeuner, Corinne m'annonça: "Tiens, c'est marché, aujourd'hui. J'avais besoin d'un porteur de sacs, j'ai tiré au hasard le nom d'un garçon, et devine quoi, c'est toi qui a été désigné."
Claire, prétextant que Cécile et Julie en avaient encore pour quelques heures de sommeil, Hitomi, curieuse de la vie locale, et Elise, qui voulait voir s'il n'était pas possible d'acheter un Monopoly, nous suivirent. Ainsi, nous partîmes tous les cinq, mais par un prompt renfort, nous arrivâmes une trentaine au marché. A vrai dire, ce n'était pas vraiment du renfort, mais un groupe de pupilles de la nation en goguette, qui pour une raison connue d'elles seules, s'étaient attachées à Claire, qui se débattait pour s'extirper de leur groupe. Hitomi et Elise commentaient:
"Elle est comme un Lion pour se battre
- Ouais, c'est Richard cœur de Lion"
Ledit Richard sortit de la masse pupillesque, nous disant: "Vous êtes tous témoins, cet orphelinat m'a attaqué!
- Tu aurais pu nous en rapporter un, on l'aurait gardé dans une cage.
- C'est un coup à se faire arrêter pour trafic de pupilles.
- Pupille, c'est dans les yeux? Pourquoi on dit pupille?
- Ça fait plus chic que de dire orphelin. Allez, les filles, on est arrivé, ne vous dispersez pas dans la foule."
Le marché de Saint Cyprien n'est si grand que l'on puisse se perdre dedans. Il permet cependant de se ravitailler en fruits et légumes, en ustensiles de mode attrape-touristes et en passe-temps pour jours de pluie ou de vent de nord-ouest force 7 à 8, localement 9 vers Béar. Rapidement je me retrouvai chargé d'un kilo d'abricots et de deux melons de bonne taille, à manger entre le soir même et le lendemain midi, c'est à ce moment là qu'il seront les meilleurs avait dit le marchand. Les courgettes et oignons suivirent, ainsi qu'une bouteille de vin dont j'examinai la contre-étiquette en attendant que les filles finissent de choisir des serviettes de bain.
Un type vient me demander un renseignement au sujet de je ne sais quoi, que j'envoyai distraitement balader, mais il décida d'engager la conversation.
"Vous êtes vachement fort, pour porter tout cela, dit-il en montrant les sacs.
- Euh, pas plus que la normale
- Vous faites les courses avec ces filles?
- Tout à fait, dis-je, m'imaginant où il voulait en venir.
- Celle là, dit-il en désignant Claire, c'est votre fiancée?
- Non, je n'ai pas de copine. Tu veux que je te la présente? Je te préviens, si tu lui raconte des conneries et qu'elle t'écharpe ce n'est pas mon problème
- Ah non, ce n'est pas ça, euh, pas ça du tout, démentit-il.
- Alors c'est quoi?
- Ah, eh bien je suis ici avec mes parents au camping "Pieds dans l'eau", et je m'ennuie, alors je voulais savoir si je pouvais venir à la plage avec vous.
- Moi je ne suis pas ici pour m'amuser, mais pour bosser, tu sais.
- Ah, euh, désolé de t'avoir dérangé alors. On se reverra peut-être.
- Peut-être, oui."
Je restai interloqué un moment, ce dialogue avait quelque chose d'inquiétant sans que je puisse savoir quoi. Je savais juste que, si lui avait envie de me revoir, je n'étais pas tellement pressé de retrouver cet individu. Claire me fit revenir à la réalité en me posant une serviette "Veggie Volley" sur l'épaule. Le truc que je n'aurais pas voulu porter, même pour une entrée gratuite à l'X. Mais je compris rapidement que Claire non plus n'avait pas envie de porter un truc pareil, et qu'elle ne l'aurait pas fait si cela avait été l'unique condition pour obtenir le prix Nobel.
Je n'eus pas le temps de protester, de toute façon. L'attention s'était portée sur un étalage tenue par des gens dits "du voyage". Ceux-ci vendaient ce qui ressemblaient à des laguioles chinois et des opinels guatémaltèques. Ma tante commença à les regarder, et l'un des gitans lui en présenta un
"Ah, très bon couteau pour madame."
Corinne soupesa le couteau, le tordit légèrement, et le reposa en disant: "Il est pas bon, ton couteau."
Elle allongea le bras, prit une lame dans un coin du présentoir, la fit sauter dans sa main. Puis tout se passa très vite, en un instant la lame était figée dans un contreplaqué à une dizaine de centimètres de la tête du vendeur, qui n'en menait pas large.
"C'est ce couteau là, que je veux."
Les gitans étaient estomaqués. Ils prirent la commande en automates, tandis que l'on entendait l'un d'eux marmonner: "Elle est forte, la gadjo".
Reprenant son couteau, Corinne avisa le reste du groupe.
"Bon, il est sympa, ce marché, non?
- Nan, c'est nul, il n'y a pas de Monopoly.
- Et là, c'en est pas un? dit Corinne, avisant un jeu
- C'est un Monopoly de la ville de Perpignan! C'est nul, tout le monde sait que le Monopoly il est avec Paris.
- Chez moi, il y a un Monopoly avec les grandes villes du Japon.
- A l'origine, le Monopoly se joue à Atlantic City, déclara Claire.
- Oui, mais moi le Monopoly auquel je joue c'est à Paris, et pas ailleurs.
- T'es vraiment une gamine."
Elise prit dès alors le parti de bouder, ce qui nous laissa tranquilles pendant le retour, à peine troublé par une voiture annonçant à grands renfort de haut parleur les prochaines scéances de cinéma des plages. Hitomi dressa l'oreille lorsque retentit la musique de la bande annonce d'un dessin animé japonais, dans lequel on entendait des bruits d'oiseau, de chant grégorien, d'explosions et de gouttes d'eau. Enfin nous atteignîmes la promenade de bord de mer, et nous rentrâmes.

Dans le fond d'un appartement, regardant le groupe à l'aide de jumelles, un individu marmonna: "Alors, tu m'as suivi jusqu'ici, Van Winkle". Il tapota sur un prospectus vantant les mérites de la forêt de Brocéliande et du camp de Coëtquidan. "Il va falloir que cela finisse. Le face à face définitif est pour bientôt, Van Winkle." Un sourire mauvais se dessina sur son visage...

Les quatre contraintes ont été respectées: La contre-étiquette, l'individu amoureux du narrateur (son sexe n'était pas précisé), le chant grégorien (les japonais n'ont pas totalement adopté le calendrier grégorien, ils ont gardé le système des ères impériales), le rival de Saint-Cyr et le duel (enfin, qui prépare Saint-Cyr et le duel)

J'ai enfin pu placer ma contrainte sur Richard attaqué par un orphelinat.

Deux remarques au sujet de l'histoire.
- Le nom du camping, "Pieds dans l'eau", ne vient pas du fait qu'il est au bord de l'eau mais en zone inondable. Heureusement pour les campeurs, il est rarement inondé en été.
- Je vous ai dit que Claire ressemblait à Miranda Feigelsteen de Mysterious ways?

J'attends vos contraintes pour le prochain épisode.

Merci pour la contre étiquette

J'ai adoré le laguiole chinois et l'opinel guatémaltèque. Par contre c'est quoi une serviette de bain "Veggie Volley"

Oh, c'est un jeu de mot sur un manga qui s'appelle "Fruit Basket" et qui est illisible dès que l'on possède un tant soit peu de testostérone.

Au fait, t'as pas une contrainte?

Je suis tellement soufflée par l'antanaclase demandé ci après, que j'aurais du mal à trouver une contrainte de cette qualité là. J'attendrai le prochain épisode.

Bon anniversaire le 20 janvier, joli...

waaaa...le jeu de mot que j'avais pas compris...

Il était peut-être un peu trop tiré par les cheveux?
Bah de toutes façons, j'essaie de faire en sorte que l'on ne puisse pas tous les trouver, comme cela, après, lorsque tu relis ou que tu discutes avec quelqu'un d'autre, tu en découves que tu ne connaissais pas.

Hum, je bloque, il n'y a pas assez de contraintes. récapitulons:
1) Un dialogue de sourds (par exemple l'amoureux du narrateur et Hitomi)

2) Mettre comme initiale des lettres de A à Z sur les 26 premières phrases
Cette contrainte est rejetée parce qu'elle condredit l'article 1, alinea 3 du règlement.
Je propose de la remplacer par: "26 phrases consécutives".

3) Quelqu'un se voit obligé de prendre du Plavix tout les jours (la personne n'a pas été précisée - cela tombe d'autant mieux qu'aucun des personnages n'est en âge de prendre ce médicament)
Cette contrainte ne respecte pas l'alinea 5 de l'article 1, je remplace donc le Plavix par le générique, ici du Clopidogrel. Ce n'est pas parce que l'on est dans une fiction que l'on doit plomber les comptes de la sécu.

J'attends encore vos propositions.

Ok pour le remplacement.

Je propose la contrainte supplémentaire : le chapitre doit comporter une antanaclase.

tiens, et si tu nous mettais un petit dialogue de sourds? (entre l'amoureux du narrateur et hitomi par ex...)

Enregistré

Les 26 premières phrases du prochain chapitre devront commencer par la lettre de l'alphabet de la même position (première phrase commence par A, seconde par B,... jusqu'à 26ème par Z).

Joli! Adopté avec enthousiasme.
Même si cela ne devrait pas être de la tarte.

Bon, alors ma contreinte: Une dispute grave et qu'une des personnage quitte l'histoire. (Q'importe je te laisse le choix)

Les contraintes pour le prochain épisode sont:
- Un dialogue de sourds (par exemple l'amoureux du narrateur et Hitomi)
- 26 phrases consécutives doivent avoir comme initiale des lettres de A à Z (dans l'ordre, je suppose?)
- Quelqu'un se voit obligé de prendre du Clopidogrel tout les jours
- le chapitre doit comporter une antanaclase.
- Une dispute grave et qu'un des personnages quitte l'histoire.

Je dois respecter quatre au moins des cinq contraintes.

oui dans l'ordre, c'était précisé!