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Après le marché, nous étions rentrés avec suffisamment d'avance pour faire une bonne séance de plage avant le repas. Cécile et Julie étaient déjà descendues à la plage, tandis que Jennifer nous attendait. Nous déchargeâmes nos emplettes en vitesse, puis les filles m'interdirent à peu près la totalité de l'accès à l'appartement pour se changer.
A l'abri dans les toilettes, je me changeai aussi. Bientôt, toutes se préparèrent à partir. Claire prit une balle, Elise prit une bouée et sa plus belle voix pour chanter:
"Dans la mer il y a des poissons, qui flottent comme des cornichons...
- Euh, tu chantes pas dans les escaliers, s'il te plait, on est pas là pour déranger les voisins.
- Fait chier, ils sont levés depuis un moment les voisins
- Gamine jusqu'au bout des ongles."
Hitomi regardait la scène pensivement. Il semblait qu'elle essayait de suivre la conversation, et en combler les lacunes lui prenait une bonne dose de temps CPU, d'autant plus qu'elle regardait des affiches montrant un jardin sur les rives du fleuve Congo.
Je pris le parasol, le pied de parasol, la glacière, le sac de plage, laissai tout tomber pour aller chercher ma serviette dans mon sac, et redescendis pour trouver Corinne et Hitomi en pleine discussion.
"...Kapoquier, ça s'appelle, c'est un arbre que l'on trouve au Congo. Les gens de là-bas pensent que lorsque l'arbre meurt, alors un homme important va mourir."
Me laissant recharger mon barda, les filles partirent en me laissant leurs dernières indications.
"Ne traîne pas en route, hein.
- Ouais, on veut les raquettes, le frisbee, les boules de pétanque et le bateau pneumatique.
- Pour ce que vous allez en faire...
- Qu'est ce que tu dis?
- Rien."
Sur la plage, je déposai les affaires, et commençai à pratiquer cet exercice passionnant qui consiste à enfoncer un pied de parasol, lorsque Claire me tira par la manche de mon tee-shirt. "Tiens, c'est pas l'individu avec qui tu parlais, au marché?"
Un éphèbe se baladait effectivement dans notre direction. Voyant Hitomi, qu'il avait sans doute repéré comme faisant partie du groupe, il se dirigea vers elle.
William Valrian, le mystérieux conspirateur préparant Saint-Cyr, sortait au même moment de son appart, deux sabres de cavalerie en main: "X, ton heure est venue, déclama t-il."
"Yo, m'dame, annonça l'amoureux transi, on s'est vu au marché, tu saurais pas où est le type qui était avec toi, c'est un ami.
- Zenzen wakanai, sumimasen.
- Ah, euh, désolé, je savais pas que tu parlais pas français. Bon, euh, je vais chercher par moi-même.
- Chotto mate, kudasai.
- C'est du japonais, c'est ça? Voyons, euh... Quo ni chi ouah?
- Ah, désolé, mais quand je pense en Japonais je ne parle pas Français. Quoi vous disez?
- Euh, je voulais savoir où était ton ami.
- Vous êtes ami de Jennifer?
- Euh, non, je, en fait, on s'est vu au marché, et...
- Ce n'est pas bien. Jennifer au marché, elle n'y était pas.
- Ah, oui, mais ce n'est pas elle que j'ai vu au marché.
- Vous êtes dragueur?
- Ah, non, pas du tout! Je cherche juste le type du marché
- C'est un marché de type local.
- de type local? Non, non, c'est un autre type.
- Je ne comprends pas ce que vous dites."
Claire vint alors à la rescousse. Elle jeta un regard qui donna l'impression aux deux autres protagonistes d'avoir été téléportés en pleine Sibérie, par temps de blizzard, puis elle décréta:
"C'est toi qui discutais avec Benoît au marché, non?
- Euh, oui, c'est moi.
- Il est là bas", dit-elle en tendant son bras. Puis elle chuchota à Hitomi "Kono hitowa Benoît-kun no tomodachi desu."
- Ah bon? Il est bizarre, tout de même.
- Je crois qu'il est amoureux de Benoît, ceci expliquerait cela.
- Nani? Euh, je ne savais pas que Benoît était comme ça....
- A mon avis, il ne l'est pas. C'est là que cela devient intéressant."
J'accueillis le nouveau arrivant avec assez peu d'enthousiasme, à vrai dire. Il me dit qu'il s'appelait Arnaud, sortit quelques excuses en rougissant, alors que je me demandais encore quelle fille du groupe il voulait draguer. J'espérais bien qu'il se fasse jeter en vitesse et me fiche la paix avec son amitié intéressée. J'avais en main un précis des méthodes d'intégration des différentes fonctions que je souhaitais me rentrer en tête, plus par angoisse de ne pas en avoir retenu un traitre mot que par utilité au concours.
"Tu n'enlèves pas ton tee-shirt?"
C'était le nouveau qui cherchait à entamer la conversation.
"Non, ma peau n'aime pas le soleil.
- Ah, moi je n'ai pas ce problème", dit-il en joignant le geste à la parole et se mettant torse-nu. Il était totalement glabre et je trouvai qu'il avait l'air d'un minet, mais ne le dis pas. Elise et Sophie cherchaient un gonfleur de bateau pneumatique et il se proposa, laissant à Corinne le soin de me distraire de mes études.
"Alors, finalement, tu bosses et tu fais de la plage en même temps?
- Je vais essayer.
- Fais gaffe à ne pas faire mal les deux.
- Au fait, tante Corinne, où est mamie?
- Ah, en ce moment elle doit être au Costa Rica. Lorsque le médecin l'a obligée à prendre un antiagrégant, cela lui a fait un tel choc qu'elle a décidé de partir en voyage pour se convaincre qu'elle était encore jeune. Du coup, maintenant, elle est toujours par monts et par vaux.
- C'est pas dangereux, le Costa Rica?
- Oh non, pas du tout, c'est une démocratie, le pays est calme depuis des dizaines d'années. Comparé au Congo, ça n'a rien à voir."
J'essayai de lire mon précis mais n'y arrivai point, et me laissai aller à détailler mes compagnons de plage.
Corinne portait un bikini jaune à pois, et se faisait bronzer tout en protégeant sa tête d'une paire de lunettes, d'un chapeau de paille et d'une main servant de porte-cigarette. Elise et Sophie portaient des une-pièce, qui turquoise, qui rose pastel, qui leur donnaient l'air de deux gamines de leur âge. Au milieu, Arnaud s'était équipé d'un boxer blanc à motifs bleus. Plus loin, Claire gardait une chemisette bleutée sur son bikini noir, Cécile préférait un bikini rouge et Julie un bikini jaune-vert et un paréo vert à motifs floraux. Hitomi portait une chemise légère sous laquelle on distinguait un maillot une-pièce noir du plus bel effet, et n'avait pas encore retiré la paire de geta qu'elle avait utilisé pour descendre. Jennifer, quant à elle, était en une-pièce marron orné de fleurs et de caractères chinois. Au loin, William portait un tee-shirt azur et un bermuda kaki, avec une ceinture supportant deux sabres, ce qui le faisait ressembler au croisement d'un samouraï et de Lara Croft.
"Alors, le vrai faux X, on me reconnait?
- William Vaurien? Qu'est ce que tu fais ici?
- Pas Vaurien, Valria! Je te ferai rentrer dans la gorge tes surnoms d'ivrogne dégénéré, et ce, pas plus tard que tout de suite.
- Ouah, bon, j'm'excuse, j'ai pas tellement la mémoire des noms, moi.
- Est-ce à dire que, non seulement tu t'emploies à gâcher ma vie, mais en plus tu le fais avec un mépris tel que mon vrai nom te parait comme quantité négligeable?
- Euh, si t'as foiré ton concours, c'est pas de ma faute, je te signale. Tu n'as que toi-même à blâmer.
- TA GUEULE! explosa t-il en me lançant un de ses sabres à la tête. On va se battre en duel, ici, maintenant, et on verra si tu seras aussi arrogant une fois que ton sang aura coulé"
Je ramassai le sabre que je n'avais pas réussi à attraper. Il serait plus simple de pêter le crâne de cet abruti que de lui enfoncer dedans une idée intelligente, et il n'était même pas sûr que cela soit moins dangereux. Cependant, il faut dire que je n'en menais pas large. Ce zigoto avait fait de l'escrime et avait une volonté d'en découdre que je n'avais pas. J'étais à peu près sûr de finir en charpie, et il ne semblait pas y avoir quiconque dans le coin en mesure de m'aider. Enfin, jusqu'à ce qu'Arnaud intervienne. Il déboula en trombe et se planta devant William.
"Mais enfin, ça va pas?
- Te mêle pas de ça, c'est une affaire perso.
- Mais enfin, il vous a fait quoi?
- J'ai dit te mêle pas de ça.
- Je m'en mêle si je veux.
- Je crois que t'as pas compris. Personne t'a appelé, alors tu dégages.
- Euh, c'est pas pour dire, mais il a raison, intervins-je. Pourquoi tu veux un duel? J'aimerais savoir pourquoi je me bats.
- Tu sais très bien pourquoi, Van Winkle!
- Il t'a dit qu'il ne savait pas, dit Arnaud, triomphant. Alors si t'as pas de reproche à lui faire, tu te casses.
- Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'une ..."
Je pourrais retranscrire textuellement la discussion, mais pour des raisons de manque de place (et certainement pas parce que le langage utilisé par la suite est descendu au niveau du conducteur de mules moyen) je ne donnerai qu'un résumé. William accusa donc Arnaud de préférer les hommes en termes peu flatteurs, et le somma de s'écarter. Arnaud réplica par une série de noms d'oiseaux, tout en disant clairement que William n'était ici ni attendu, ni apprécié, et lui renouvela sa demande de partir. Celui-ci ouvrit les hostilités en venant au contact et en distribuant un coup léger sur la nuque, auquel fut répondu une claque. Un coup de poing suivit et les deux atterrirent sur la sable. William travaillait Arnaud au corps et poussait l'avantage d'avoir démarré le combat. Se faisant, il abreuva son adversaire d'injures que l'on pourrait facilement qualifier d'humiliantes. L'une d'elles fit mouche et Arnaud, qui était resté sur la défensive, vit rouge et d'une série de coups fit reculer son adversaire, reprenant temporairement l'avantage. Les deux se battaient maintenant franchement, mais bien qu'Arnaud répliquât avec autant de fougue que William, il donnait des coups au hasard, alors que l'ex futur cyrard savait où frapper pour faire mal. Ainsi, il finit par se ménager une ouverture pour attraper et dégainer son sabre. C'est alors, tandis qu'il armait son bras, qu'un couteau tournoya entre les deux visages, et atterrit quelques mètres plus loin, dans le sable.
Les deux combattants se figèrent. Corinne les regardait, de l'air d'une mère qui va dire un sermon.
"Je vous propose gentiment d'arrêter les hostilités et d'en venir dès à présent à la phase des négociations."
Arnaud resta interdit. William rengaina son sabre, lentement, comme un vandale déposant sa brique ou son tesson de bouteille alors qu'il est mis en joue par une brigade entière de police anti-émeutes. Il recula doucement sur quelques mètres, et prit ses jambes à son cou. Nous ne le revîmes plus du séjour, et ce n'est qu'à la rentrée que j'appris qu'il devait déménager, et que ces vacances étaient la dernière occasion qu'il avait de décharger sa rancœur sur moi.
Sophie était partie ramasser le coutelas de Corinne et revenait lui apporter, s'attirant au passage un: "On ne court pas avec un couteau". Elise courait d'Arnaud à Corinne pour les féliciter. Je me demandai à voix haute: "Qu'est ce qu'on fait du sabre?
- Donne-le lui, me dit-on en désignant Arnaud, il l'a bien mérité."
C'est ainsi que notre groupe s'enrichit d'une personne de plus.
Commentaires:
Le dialogue de sourds, c'est fait, les 26 phrases, c'est fait, le Clopidogrel, c'est fait, l'antanaclase, c'est fait, la dispute avec type qui quitte l'histoire, c'est fait.
Notons que William Vaurien est le nom d'un personnage de B.D. , que Arnaud, c'est sa fête aujourd'hui, que Benoît est le seul à ne pas s'être rendu compte des préférences du nouveau, qu'il y a plein de passé simple, et même un zeugma quelque part, que dans la grande tradition des mangas vous avez l'ensemble des personnages en maillot de bain.
Voilà, j'attends vos commentaires et vos prochaines contraintes.
CouCou mon amour de Castor.
Bon. On va dire que je lirais une fois de plus cette 'contrainte'. Y doit y avoir des subtilités qui m'ont échappé.
Euh, c'était pas ça, ta contrainte?
Si,si! J'ai lu 3 fois, hein! Je n'ai pas honte d'avouer que je ne peux pas vérifier pour le reste, mais quel joli travail!-:)
Alors ma prochaine contreinte sera de mettre un peu de chaleur humaine la-dedans, un peu de poésie mais sans que cela fasse encore une 'moquerie'!
chaleur humaine, poésie, c'est vague...
et sans moquerie?
Bravo !
Et maintenant : 5 mots avec des ï, 5 mots avec ë et 1 mot avec ü...
Différents, les mots, je suppose? ;)
Belle réussite sur les 26 phrases! Le kapokier j'aurai dû y penser !
Une nouvelle contrainte : les personnages du groupe doivent apparaître déguisés (mais pas en personnages de manga).
tu m'auras reconnue avec mon bob et mes tongs...
Oui, tu aurais dû penser au Kapokier. (au fait, tu sais d'où ça vient, ce délire avec le kapokier?)
Va pour les déguisements. (tous les persos?)
contrainte n° 644572: une mise en abyme.
Oulà, cela risque d'être spécial pour une histoire qui est déjà une parodie de Love Hina.
(Je trouverai bien quelque chose de plus subtil que de faire lire Love Hina à l'un des personnages)
On me demande:
- De la chaleur humaine, et/ou de la poésie, sans moquerie. Cela va être dur, mais bon enfin du moment que c'est pas Claire qui doit s'y coller...
- 5 mots avec des ï, 5 mots avec ë et 1 mot avec ü (aïe!)
- les personnages du groupe doivent apparaître déguisés (mais pas en personnages de manga).
- une mise en abyme.
J'en ferai trois sur quatre, alors. Ou le tout si je suis de bonne humeur.
une mise en abyme... une femme enceinte, par ex.
Je pensais que la demande était plus une mise en abyme littéraire, mais je peux rajouter une femme enceinte aussi.
Ça fera plaisir à Stupidchick. Merci Castor.
Juste pour préciser: La mise en abyme, c'est la contrainte de Stupidchick, la femme enceinte, c'est ta contrainte à toi.
Ah ! Pour moi une image dans une image, c'est aussi un être humain dans un être humain... D'un autre côté, j'aime pas trop donner de contrainte. Fais comme il te plaira !
c'est vraiment n'importe quoi.
Un peu d'esprit ma chère !
une femme enceinte d'une femme enceinte, à la rigueur, pourrait passer pour une mise en abyme. donc non, je ne vois pas d'esprit. et arrête de parler à ma place s'il te plaît.
toujours en colère je vois...
si tu le dis..