Lavis des castors

Thierry, assis dans l'entrée de la porte, attendait quelqu'un qui ne s'était pas encore décidé à venir, et bien qu'il avait de quoi se maintenir occupé à attendre, il sentait son impatience grandir.

Il en est toujours ainsi lorsque l'on attend quelque chose qui, vous étant promis, ne vient pas. Cependant, il ne lui semblait pas en droit de se plaindre, du moins pas pour l'instant. Il resta ainsi une dizaine de minutes, lorsque la porte de la penderie commença à s'entrebailler. Son regard se figea alors sur ce mouvement insolite, qui s'accélérait doucement, jusqu'à ce que la porte s'ouvre en grand, laissant un paquet ensanglanté, de forme humaine, tomber en travers du couloir.

Le lendemain, Thierry méditait dans le lieu où le roi n'invite pas sa cour. Traditionnellement, il y était resté bien plus que nécessaire, ne voyant pas la nécessité de libérer la place immédiatement. Il se posait des questions existentielles lorsqu'il entendit un coup de feu résonner dans la pièce attenante. Après avoir laissé le temps à l'auteur non identifié de la pétarade de gagner d'autres cieux, il sortit et enjamba le corps sans vie et perdant son sang qui gisait sur le palier.

Le soir, allongé dans son lit, Thierry pensait aux événements de la journée. Il luttait contre Morphée lorsque la fenêtre se brisa, laissant passer un motocycliste dant la nuque brisée interdirait durablement à celui-ci de commettre à nouveau la bêtise de rouler sans casque. Devant se spectacle, Thierry marmonna "C'est pas trop tôt", avant de revenir à ses occupations.

Le jour suivant, il rencontra Isabelle.
"Tiens, je te rends ton polard, je viens de le finir
- Alors, tu l'as trouvé comment?
- Bof. L'auteur est devenue trop connue, du coup elle peut se permettre le luxe de présenter les personnages dans les grandes longueurs avant que l'action ne commence. J'ai attendu presque deux cent pages avant d'avoir le premier cadavre.
- Ah, ben tu aimeras sans doute celui que je suis en train de lire,  je viens à peine de le commencer et j'ai déjà cinq cadavres qui s'empilent dans le salon."